dimanche 15 février 2009

IUFM : tollé après la charge de Darcos




http://www.liberation.fr/education/0101319414-iufm-tolle-apres-la-charge-de-darcos


VÉRONIQUE SOULÉ

Il aurait voulu jeter de l’huile sur le feu qu’il ne s’y serait pas pris autrement. Les propos du ministre de l’Education Xavier Darcos jeudi sur la formation des professeurs ont provoqué un tollé dans le monde enseignant et universitaire. Jugés «insultants», «scandaleux» ou «indignes d’un ministre», ils risquent de compliquer encore une réforme déjà très contestée. Voulant la défendre, Xavier Darcos avait notamment expliqué sur RTL : «Aujourd’hui, les professeurs passent un concours, ils sont mis dans l’Institut de formation des maîtres (les IUFM) où on leur apprend des théories générales sur l’éducation et de temps à autre, ils vont remplacer un professeur absent. Ce n’est pas comme ça qu’on forme des gens. Ils sont sans arrêt devant un simulateur de vol. Alors que dans le système que je propose, ils ne le seront pas.»

«Tant de désinformation et tant de mépris sont insupportables», s’est insurgé vendredi le Sgen-CFDT. «Xavier Darcos sait forcément», poursuit le syndicat, que les jeunes professeurs qui viennent de réussir le concours enseignent huit heures par semaine dans le secondaire, ou un jour par semaine dans un premier temps dans le primaire. Ils ne passent donc pas l’année à écouter des théories fumeuses dans les IUFM mais se confrontent «à la dure réalité d’un métier de plus en plus difficile». De son côté, le Snesup, premier syndicat du supérieur, dénonce le «mépris sans précédent pour les universitaires». Le ministre a parlé de leurs discussions «sibyllines» pour mettre au point les nouveaux masters des enseignants. «Cet anti-intellectualisme rappelle les pires heures de l’histoire de France», lance même le Snesup.

Signe de l’émotion suscitée, la Conférence des présidents d’université (CPU) et celle des directeurs d’IUFM ont publié un communiqué : «Ces propos insultent tous les personnels aujourd’hui engagés» dans la formation des maîtres, écrivent-ils. Pour le PS, Darcos «prend le risque d’un affrontement durable et d’un blocage total».

De nombreuses universités ont confirmé vendredi qu’elles ne remettraient pas les «maquettes» de masters comme la ministre de l’Enseignement supérieur le leur a demandé. Sans crier gare, on apprenait sur le site de l’Aeres (Agence d’évaluation de la recherche et de l’enseignement) que le délai de remise était repoussé in extremis du 15 février au 31 mars.

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